Parler pour se soustraire
Quand on aime les gens, parler pour prétendre se présenter devient presque sacrilège.
On n’a envie que de silence, et de faire des choses ensemble, pour vivre en commun un partage, au-delà nos respirations quotidiennes honorées de rencontrer leurs autres.
Envie de mêler nos souffles imperceptibles, dans une construction commune.
Et les voir former des rangs amoureux, d’une insufflation originelle.
Quand on aime les gens, quand on aime plus que tout, quand respirer est divin et qu’on ne l’oublie jamais entre amour et crainte, parler ne suffit pas assez ; ne suffit jamais au risque de nous épuiser.
Alors on choisit.
On choisit de se taire et de comprendre sans en rajouter.
De tendre une main quand cela est possible, et puis de rassurer, de dire quelque chose de juste en tant que valeur, d’avoir inspiré, et expiré.
Car comprendre, c’est inviter au meilleur de soi-au delà de soi-même ; et demeurer une écoute et aide, comme le ciel bleu qui ne faiblit jamais en son oxygène.
Et puis quand on est heureux, emportés par l’amour d’une présence familière, alors on parle, on parle, comme un bébé à gazouillis, qui dit n’importe quoi de doux, juste par joie, par joie de s’oublier un peu ; et puis de gazouiller comme l’oiseau au printemps ; ravi d’avoir l’ombre, le soleil, et l’arbre feuillu et fleuri dont la ramure ferme s’élance dans le ciel, en faisant écho aux forêts divinement fournies.
Dans ces moments de joie, quand tu rencontres des frères, que ton moi soumis devient leur moi, et qu’ensemble sous la direction d’Allah, vous vous sentez choyés et comme des rois.
Quand tes pensées sont les leurs, animés par un livre unique et millénaire.
Quand tu penses à cela, tu recommences à te taire ; et puis viendra le moment, où pour dire la vérité et pour aimer, de nouveau, tu parleras.
Je D'outre Tombe 
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