Des valeurs pures que vous ne trouverez pas sur le plateau télé
#Moussa c’est un petit frère que j’ai connu, que j’ai apprécié, avec qui je me suis embrouillé, réconcilié, avec qui j’étais parfois en désaccord, mais nos disputes nous ont permis de nous apprécier encore plus mutuellement…
Une histoire fraternelle qui montre aujourd’hui l’influence qu’il a sur une communauté et comment il est devenu le porte parole d’un peuple oublié.
Je me rappelle précisément d’un soir où j’avais tenté de le faire craquer, en lui jurant que son premier voyage humanitaire serait sûrement la mort assurée.
Je le fixais, j’insistais en présence de son » professeur terrain » Salah : tu es sûr de cette mission ?
Avant de me retourner vers Salah et le directeur financier d’un air déterminé en disant : « si les narcotrafiquants réussissent à faire rentrer de la drogue via le Mexique pour que cela atterrisse dans nos quartiers, je ne veux même pas que vous puissiez me demander comment nous pouvons réussir à déposer des sacs de riz en pleine jungle de Birmanie. »
Et Moussa était un homme convaincu. Il a affronté la Birmanie, une fois, deux fois. Avec le temps les missions n’ont fait que renforcer encore plus sa détermination.
Chez BarakaCity, Moussa est apprécié de tous c’est notre » gros bébé » à tous, car c’est un homme d’une grande sensibilité, blagueur, perturbateur, volontaire et fonceur.
Aujourd’hui l’un de mes hommes est incarcéré.
Devons-nous nous sentir coupables des épreuves que rencontre Moussa dans le cadre de ses missions ? Moussa, lui, du fond de sa cellule nous garantit que ce qui lui arrive est pour une juste et noble cause, celle des Rohingyas, et que c’est l’un des chemins que nous empruntons pour aller vers ces horizons emplis d’espoir pour tout un peuple .
Et ces cheminements, comparables à des naissances ne se font pas sans douleur, sans cri et sans sueur.
Aujourd’hui Moussa a franchi un cap ambitieux. Son incarcération, cette mobilisation sans précédent de personnes éprises de justice et de paix a clairement démontré qu’un face à face est désormais engagé avec la Birmanie, un petit pays certes, mais puissant.
Il l’a dit lui-même lors de notre dernière conversation, il y a de cela deux jours : « nous ne sommes pas des guerriers, nous racontons juste l’histoire des rescapés de la guerre »
Et demain, lorsque Moussa sera un homme libre, nos yeux fixeront l’état d’Arakan, là où les histoires des plus terribles sont étouffées, et occultées.
Des femmes violées, des enfants brulés des hommes démembrés ou pendus : Moussa en a rencontrés, puis on nous a montré les photos de certaines de ces exécutions. Images insoutenables…
J’explique tout cela, pour faire prendre conscience à ceux qui me lisent et qui me suivent que nous sommes conscients du métier que nous faisons, car nous y avons traversé une multitude d’épreuves : diffamations, perquisitions, agressions, maladies, incendie et incarcération !
Et pourtant… le navire BarakaCity continue de briser des icebergs, de traverser des océans pour arriver à notre destination finale : la Birmanie.
Les Rohingyas attendent. AbdeRazzaq, Rachid, Fatima Maryam Sham Shamulo et bien d’autres : certains ont survécu, d’autres sont décédés lors de batailles que nous n’avons jamais cessé de mener pour défendre leur honneur.
Aujourd’hui j’ai pu m’entretenir avec des députés à qui j’ai expliqué que nos horizons seront toujours accompagnés de cette même clarté : nous sommes conscients que ce navire affrontera tôt ou tard des tempêtes des plus violentes, celles-là mêmes qui touchent quotidiennement ce peuple apatride depuis 1982. MAIS… nous sommes maintenant des centaines de milliers, bientôt près d’1 million à serrer les rangs, voguant au dessus de toutes les écumes diffamatoires cherchant à nous perturber.
Je suis fier de Moussa mais également très fier de vous tous, car malgré les immondices dites sur nous, vous nous faites confiance, et vous demeurez loyaux et intègres dans vos principes.
Moussa sera ramené, par la permission d’Allah, et LA tous ensemble, nous penserons, réfléchirons et verrons comment et par quelle porte nous pourrons les libérer.
Notre histoire islamique nous a appris qu’un ancien berger était illettré et pourtant… il a fini par gouverner la moitié de l’humanité.
Vivre son rêve est une chose tellement belle, et tellement extraordinaire pour l’humanité entière.
Merci à vous tous, braves amis !
Photo : le moment où Moussa et moi traversions la frontière Turco-Syrienne, nous rappelant mutuellement que quoi qu’il arrive, nous serons fidèles à nos engagements.
4 heures plus tard, nous avions découvert la guerre, l’horreur d’une Syrie fragmentée par des bombes qui nous avaient bercés.
Cette nuit là, où en une heure, nous avions compté 60 bombes larguées avant de nous endormir pour peut-être ne plus nous réveiller.
BarakaCity ou l’histoire de l’humanitaire terrain au service des plus faibles.
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